« JE VOULAIS MON AUTONOMIE EN ÉLECTRICITÉ SUR MA FERME »
Steven Devos, éleveur wallon, assure la production de près des deux tiers des besoins électriques de son exploitation, avec une petite unité de 10 kWe.
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AVEC DEUX ROBOTS DE TRAITE ET DES RACLEURS AUTOMATIQUES, la nouvelle étable laitière que Steven et Veerle Devos ont construite il y a trois ans exige une alimentation électrique sans faille. Difficile sur cette exploitation en bout de réseau, dès lors à la merci d'une tension instable et de coupures. « Nous avons construit la méthanisation avec le bâtiment, pour stabiliser l'approvisionnement électrique, relate Steven Devos. Et la méthanisation a déclenché près de 35 % d'aides sur le projet, ce qui nous a décidés. »
L'unité de 10 kW électriques, exclusivement alimentée par les lisiers de l'exploitation, produit une électricité 100 % autoconsommée sur la ferme. Ce concept autonome, loin des grandes unités qui dominent en France, intéresse les chambres d'agriculture de Lorraine : un groupe d'étude régional (agriculteurs et conseillers en méthanisation) a visité l'installation wallonne.
Située à côté du bâtiment laitier, elle se compose d'une poche étanche enterrée dans laquelle le lisier est méthanisé (capacité : 200 m3 de digestat, 150 m3 de biogaz), et d'un conteneur métallique. Il abrite le moteur, la génératrice, la récupération de chaleur sur l'échappement, l'échangeur thermique et la pompe de circulation.
« L'INVESTISSEMENT S'ÉLÈVE À 100 000 € »
« L'investissement s'élève à 100 000 ,, stockage de digestat et ajustements compris », précise Steeve Devos. Le lisier des fosses est pompé automatiquement jusqu'à la poche de digestion. « Un débitmètre régule le pompage, selon le niveau de gaz sous la bâche du digesteur, précise l'éleveur. Neuf mètres cubes par jour de lisier, réchauffés à 40°C par l'échangeur de chaleur, arrivent dans le digesteur. » À l'opposé, le digestat est pompé, jusqu'à un stockage sous une stabulation.
« Le biogaz fait tourner le moteur de 10 kW pendant 6 400 heures par an, c'est en dessous de sa capacité », explique Steven Devos. On attend classiquement 8 000 heures par an de fonctionnement.
« LE LISIER EST TROP LIQUIDE »
« Des amis en Flandres font tourner 10 kWe correctement avec 65 vaches laitières et des racleurs », assure-t-il. Et d'expliquer son déficit de production par « un lisier trop liquide, et sans restes de maïs puisque la ration contient 65 à 70 % d'herbe ».
De plus, la sciure utilisée dans les logettes n'est pas méthanogène. Mais il ne souhaite pas introduire d'autres matières, car il craint « un blocage des pompes : elles sont petites ! » Pour obtenir un lisier moins liquide, il vient d'écarter les eaux de lavage des robots hors de la fosse. Il observe depuis que « le moteur fonctionne mieux ». L'installation produit 64 000 kWh annuels, en consomme 12 000 kWh pour fonctionner : l'exploitation utilise 52 000 kWh, un peu plus de 60 % de ses besoins électriques totaux (84 000 kWh/an). Côté chaleur, aucun surplus n'est valorisé : « J'arrive tout juste à réchauffer le digesteur », constate Steven Devos. Il ne livre pas de chiffre sur son temps de retour sur investissement, qui approcherait sept ans d'après les calculs effectués avec les conseillers lorrains (voir tableau).
En dépit de ses difficultés, Steven Devos apprécie d'avoir stabilisé l'électricité et de disposer d'un digestat « très bien assimilé par l'herbe et le maïs ».
CATHERINE REGNARD
Le conteneur métallique abritant le coeur du système (moteur, échangeur thermique...) et la poche enterrée servant de digesteur constituent l'unité de méthanisation.
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